Derrière certains élans altruistes se cache une croyance peu consciente : l’idée que l’on est responsable des émotions des autres.
Beaucoup d’altruistes cherchent à éviter aux autres la souffrance, parce qu’ils projettent ce qu’eux-mêmes ressentiraient dans la même situation. Ils imaginent la douleur, la gêne ou le rejet, et cherchent alors à “prévenir” l’autre de cette émotion, comme s’ils pouvaient la leur épargner.
En réalité, chacun est créateur de ses propres émotions, à partir de ses perceptions et de son histoire. Evidement on peut imaginer une probable réaction, elle reste néanmoins hypothétique.
Vouloir éviter à l’autre un mal-être, c’est souvent nier sa capacité à gérer sa propre expérience. Et c’est aussi prendre une responsabilité émotionnelle qui ne nous revient pas.
Être véritablement altruiste, c’est respecter l’autre dans sa puissance. C’est lui laisser vivre ses hauts et ses bas, sans vouloir à tout prix le “protéger” de ce qui pourrait, finalement, le faire grandir.
Trop de soutien rend faible et dépendant, et l’équilibre devra se manifester un jour ou l’autre, la vie se chargera de lui rendre sa force et son autonomie, à la dure !
Pour mieux comprendre les enjeux de la relation, voici un autre angle de la situation.
Quand l’autre « me blesse »… ou réveille une douleur déjà présente
Il est courant de juger quelqu’un d’égoïste, de toxique, voire de “dangereux émotionnellement”, simplement parce qu’il a appuyé… là où ça faisait déjà mal.
Imagine : tu as une blessure dans la main. Quelqu’un te serre la main pour te dire bonjour. Il ne serre pas plus fort qu’un autre, il ne cherche pas à te faire mal. Pourtant tu ressens une vive douleur. Est-ce lui le problème ? Non. C’est la blessure préexistante qui réagit au contact.
Il en va de même pour nos douleurs intérieures. Quand quelqu’un “te fait du mal”, il ne fait souvent qu’activer une mémoire, une croyance, une blessure que tu portes en toi. Ce n’est pas lui qui est toxique : c’est la douleur non cicatrisée qui parle à travers toi.
Accuser l’autre revient à lui confier le pouvoir de te soigner, ou pire : à l’empêcher d’être pleinement lui-même de peur qu’il “appuie là où ça fait mal”.
Et si tu récupérais ta responsabilité ?
Et si, au lieu de condamner l’autre, tu choisissais de panser ta propre main ?
