Il y a un regard que l’on oublie trop souvent, noyé dans le vacarme des jugements extérieurs, dans les attentes sociales, dans le besoin d’être validé : le regard que je porte sur moi-même. Et pourtant, c’est le seul qui m’accompagnera du premier souffle au dernier.
Dès l’enfance, on apprend à se définir à travers les yeux des autres. Les compliments nous construisent, les critiques nous sculptent. À l’école, dans la famille, dans nos cercles d’amis, nous devenons sensibles à l’image que nous projetons. Mais à force de chercher l’approbation, on risque de s’éloigner de soi.
Et un jour, on se regarde dans le miroir sans trop savoir qui nous sommes, comment agir, quoi dire ?
C’est là que réside l’importance capitale de bâtir un regard intérieur solide, bienveillant, ancré dans la vérité personnelle. Car les regards extérieurs vont et viennent. Ils changent au gré des modes, des humeurs, des circonstances. Ils peuvent encenser aujourd’hui et condamner demain.
Le regard que je porte sur moi, lui, est permanent. C’est le fil rouge de mon existence. Il m’accompagne dans mes silences, mes choix, mes erreurs, mes renaissances.
C’est pourquoi il faut apprendre, parfois, à être un peu égoïste. Pas dans le sens de rejeter les autres, mais dans celui de se remettre au centre de sa propre vie. De dire non quand c’est nécessaire. De se protéger. De faire des choix qui nous ressemblent, même s’ils déplaisent. Être égoïste, c’est parfois avoir le courage de s’honorer soi-même.
Ce n’est pas toujours facile. Mais c’est essentiel. Car au bout du compte, personne ne vivra notre vie à notre place. Personne ne ressentira ce que nous ressentons, ne portera nos regrets, nos joies, nos douleurs. Et si, un jour, on doit rendre des comptes, ce sera d’abord à soi-même.

Alors autant apprendre à se regarder avec honnêteté, exigence parfois, mais aussi tendresse. À devenir notre propre pilier, notre propre refuge. Parce que ce regard-là – le mien – est le seul qui sera là du début à la fin.
Et il mérite toute mon attention, avant qu’il ne soit trop tard.