On parle beaucoup de distraction comme d’un simple divertissement.
Mais si l’on regarde le mot de plus près, quelque chose apparaît : dis-traction = ce qui nous tire loin.
Loin de quoi ?
De ce qui est essentiel, de ce qui demande de l’attention, de ce qui pourrait nous rapprocher de nous-mêmes.
Face à elle, il existe son opposé naturel : at-traction = ce qui nous tire vers. Vers ce qui est juste, vivant, nourrissant, aligné.
Et pourtant, dans notre culture moderne, ces deux mouvements se sont inversés.
La distraction est devenue une norme. Elle est partout, accessible, séduisante, instantanée.
Elle porte même l’apparence de la « culture » : séries, informations continues, contenus qui se succèdent…
Autrefois, la culture élargissait l’esprit.
Aujourd’hui, une partie d’elle sert surtout à l’occuper.
Ce n’est pas un problème en soi.
Le vrai danger, c’est de ne plus remarquer quand on glisse de l’attraction vers la dis-traction.
Comment reconnaître qu’on est en train de s’éloigner ?
On le sent dans le corps :
- un léger voile mental,
- une perte de présence,
- une agitation molle,
- un automatisme qui s’installe,
- des micro-fuites d’énergie.
C’est ce moment où l’on scrolle sans savoir pourquoi.
Où l’on ouvre une application « juste deux minutes ».
Où l’on se lance dans une activité qui ne nourrit rien, mais remplit tout.
La distraction anesthésie le ressenti.
Elle crée un espace entre soi et ce qui compte.
Elle occupe pour ne pas confronter.
Elle éloigne pour ne pas choisir.
C’est une fuite douce.
Une fuite socialement validée.
A suivre….
